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Dans la préface du livre « Développement durable 2.0 » de Gilles Berhault, Catherine Trautmann exprime son idée de transition vers un monde durable. Celle-ci « sera faite d’interaction, de collaboration créative entre tous et avec tous – c’est le pari de l’Internet ». L’Internet, ce réseau informatique mondial, aurait donc un rôle à jouer dans la transition écologique.

Mais quand est-il vraiment ? Face aux problèmes environnementaux, au réchauffement climatique et au déclin de la biodiversité, Internet va-t-il accompagner la transformation vers un monde durable ou au contraire aggraver la crise écologique ? Éléments de réponses !

Le web, point d’appui d’une économie verte en faveur du développement durable ?

Internet va-t-il « makes our planet great again » et rendre notre économie plus verte ?

Selon le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) « l’économie verte » désigne « une économie qui entraîne une amélioration du bien-être humain et de l’équité sociale, tout en réduisant de manière significative les risques environnementaux et la pénurie de ressources naturelles ». Ainsi, Internet contribue au développement durable de plusieurs façons.

Internet : un espace d’expression et de création pour le consom’acteur

La notion de « consom’acteur », contraction des termes « consommateur » et « acteur », désigne une personne qui fait de sa consommation un acte politique : elle est plus sensible à la notion d’équité, de responsabilité sociale et environnementale lorsqu’elle achète un produit.

En ce sens, Internet est un formidable lieu d’expression :  le consommateur peut par exemple exprimer son avis (positif ou négatif) sur les réseaux sociaux ou suivre une campagne de boycott en utilisant des plateformes comme I-boycott.org.

Par ailleurs, internet a largement simplifié le processus de création d’entreprise. Un aspect positif qui a favorisé l’émergence d’entreprises cherchant à avoir des impacts bénéfiques. En matière de financement par exemple, les plateformes de crowfunding se sont largement démocratisées en quelques années. Comme Ulule, qui permet aux consommateurs de supporter des projets écologiques, sociaux et solidaires.

Le web : une réponse partielle en matière de mobilité

Le transport est le deuxième secteur rejetant le plus de gaz à effet de serre au niveau mondial. En France, les camions et voitures individuelles représentent les trois quarts des émissions dues au CO2.

Le télétravail, le choix de travailler pour une entreprise depuis chez soi, semble être une option pour réduire les trajets. L’isolement était autrefois le principal frein au développement du télétravail…. Mais à présent, Internet facilite cette manière de travailler. Notamment grâce :

  •  à l’apparition de plateformes collaboratives de gestion de projet,
  • au développement de la téléconférence, du partage d’écran, etc.

Le co-voiturage fait aussi partie du panel de solutions proposées. Là encore, Internet encourage ce mode de déplacement à travers des applications mobiles comme Blablacar.

La toile, un support de l’économie de partage

Internet facilite l’émergence d’autres modèles économiques s’inscrivant dans une optique de développement durable. Comme l’économie de partage (revente, don, troc, location ou emprunt), complètement réinventée par la révolution numérique.

Leboncoin en est un bon exemple : il a généré l’équivalent de 27 milliards d’euros de valeur d’échange soit plus de 1% du PIB français. Selon l’entreprise, ce secteur de la vente d’occasion Leboncoin a permis d’économiser beaucoup de CO2 : autant que 2 années et demie de transport en Île-de-France.

L’agriculture numérique au service du développement durable

Selon certains, l’utilisation des nouvelles technologies dans l’agriculture s’apparenterait à une troisième révolution verte. En effet, la collecte et le traitement des données peuvent aider au pilotage d’une exploitation agricole.

Cette nouvelle agriculture serait plus économe en ressources et utiliserait également moins d’intrants chimiques pour préserver la qualité environnementale. Dans le secteur viticole par exemple, le numérique a déjà aidé certains châteaux dans leur conversion bio.

Limites et avenir d’Internet au service du développement durable

Dans l’imaginaire collectif, Internet est perçu comme quelque chose d’immatériel, et son impact sur l’environnement est souvent insoupçonné. Pourtant, il s’agit d’un outil à fort potentiel pour le développement durable… Mais qui reste cependant moins propre qu’il n’y paraît.

Les « effets rebond »

Avec l’arrivée du numérique et l’émergence de la notion de dématérialisation, la possibilité de numériser des documents apparaissait comme une bonne idée pour réduire son empreinte écologique.

En réalité, comme il est plus facile d’imprimer un document numérisé que de photocopier un document papier, les utilisateurs impriment plus souvent. Lorsqu’un gain environnemental (ici moins de papier) est annulé ou réduit par une augmentation des usages (imprimer plus souvent), on parle d’effet rebond.

Autre exemple d’effet rebond avec Blablacar : la baisse du coût du déplacement a entraîné… une hausse du nombre de déplacements ! Ce genre de situation montre bien que réduire son impact environnemental implique une sensibilisation et une réflexion profonde sur le sujet.

Un monde virtuel avec des conséquences bien réelles

Si Internet était un pays, il serait le 3° plus gros consommateur d’électricité au monde, derrière la Chine et les États-Unis !

En effet, les TIC (Technologies de l’Information et de la Communication) émettent 2% du CO2 mondial soit autant que l’aviation. D’après l’ADEME (l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise d’Énergie), l’échange de mails d’1Mo pendant un an dans une entreprise de 100 personnes représenterait 13.2 tonnes de CO2… soit 13 allers-retours Paris-New York !

Le poids des data-centers

Les centres de stockage et de traitement informatique, aussi connus sous le nom de data-centers, ont un véritable impact environnemental, notamment à cause de leur consommation énergétique. Ainsi, le secteur du numérique a englouti 10% de la production électrique en 2015. Et les data-centers à eux seuls accaparaient 18% de cette consommation énergétique.

Le green IT : un nouvel enjeu

Face à cette réalité, de nombreux acteurs tentent d’agir.

  • Des ONG (organisations non gouvernementales) comme Greenpeace par exemple, qui donne de bons et de mauvais points aux grosses entreprises dans le cadre de campagne ClickClean.
  • Des institutions telles que la Commission Européenne, qui édicte un « code de bonne conduite » pour les data-centers.
  • De grosses entreprises comme Google et Apple, qui cherchent elles aussi à agir en matière de développement durable. En installant par exemple leurs data-centers dans les pays nordiques, pour diminuer le coût et l’impact du stockage des données (green data).
  • Des moteurs de recherche, comme Ecosia ou lilo, qui souhaitent agir positivement sur les espaces verts.

Tous ces acteurs s’inscrivent dans le Green IT (ou informatique écologique).

Pour reprendre le rapport Bruntland, Internet nous conduira-t-il vers un « mode de développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs » ?

L’avenir nous le dira : Internet n’est qu’un outil, seul ce que les citoyens décideront d’en faire déterminera s’il est bon ou mauvais pour l’environnement.